mercredi 11 février 2009

5 mai 1937 : le vrai visage du communisme

Dans la montée de la paranoïa antilepéniste, les communistes essayent de tirer leur épingle du jeu : Robert Hue, alias le nain de jardin, espère compenser le recul permanent, au plan électoral, du parti communiste, en appelant à l'union sacrée tous les enfants de Karl Marx, y compris les bâtards - c'est-à-dire la nébuleuse d'extrême gauche qui va des éléments les plus sectaires - les trotskistes de diverses obédiences - aux éléments les plus folkloriques - anarchistes de tous poils et de toutes utopies. C'est une opération d'acharnement thérapeutique car que resterait-il de l'extrême gauche si elle ne disposait pas, pour survivre vaille que vaille, de l'épouvantail "fasciste" (qui ne fait même plus peur aux petits enfants) ? C'est pourquoi il est bon, pour dégonfler la baudruche, de rappeler ce que fut, en des moments historiques, la véritable stratégie communiste.
Cette stratégie se résume en une formule simple, éliminer, physiquement, les frères ennemis. A cet égard, la guerre d'Espagne offre quelques cas d'école.
Voici un exemple parmi beaucoup d'autres. Le 5 mai 1937, de violents combats se déroulent à Barcelone. Contre l'hydre fasciste? Que nenni. Il s'agit, pour les communistes, de mettre hors jeu ceux qui leur font de l'ombre au sein du camp rouge, à savoir les militants anarchistes. Ceux-ci sont solidement implantés en Catalogne et ont installé un peu partout, jusque dans les villages perdus des Pyrénées, des communautés autogérées prétendant concrétiser l'idéal libertaire. Celui-ci a ses inconvénients sur le plan militaire : les milices anarchistes refusent évidemment le principe même de toute discipline, elles élisent leurs chefs non en fonction de leurs compétences militaires mais de leur popularité et chacun quitte les lignes quand il le désire en s'accordant une permission dont la durée varie selon ses goûts. D'où ses échecs répétés, face aux nationalistes, devant Huesca, Jaca, Saragosse. Mais la CNT (Confédération nationale du travail) et le FAI (Fédération anarchiste ibérique) contrôlent Barcelone, avec leurs alliés du POUM (Parti ouvrier d'unification marxiste), mouvement trotskiste fondé en 1933 par André Nin. Ce dernier est l'ennemi juré du PSUC (Parti communiste catalan), affilié à la IIIe Internationale et de stricte orthodoxie stalinienne. Les communistes, aidés par les équipes du NKVD (police secrète soviétique) dirigées par Alexandre Orlov, brûlent d'éliminer les hérétiques de la CNT-FAI et du POUM.
C'est chose faite en mai 1937. Le prétexte est classique : des franquistes ont infiltré, disent les gens du PSUC, les rangs des anarcho-trotskistes et il faut donc "épurer". Une véritable chasse aux sorcières s'organise. Les combats dans Barcelone entre fractions rouges rivales font plus de cinq cents morts. Des milliers d'anarcho-trotskistes sont jetés en prison. Les antifascistes italiens, Camillo Berneri et Francesco Barbieri, suspects de déviationnisme, sont eux aussi abattus. Quant au chef trotskiste André Nin, il disparaît sans laisser de traces. Il a été enlevé et torturé à mort par des agents staliniens qui ont fait courir le bruit qu'il s'était réfugié... en Allemagne nazie ! L'excellent historien de la guerre d'Espagne, Hugh Thomas, écrit : « Une équipe de communistes allemands des Brigades internationales fut engagée pour jouer le rôle d'espions nazis. Parlant leur langue maternelle, il s'emparèrent de Nin, qu'ils firent monter dans une camionnette pour l'assassiner. Si de nombreux conseillers soviétiques furent rappelés dans leur pays pour comparaître devant un tribunal qui les condamna à la peine de mort, ce fut pour les empêcher de parler de cette affaire que Staline avait classée "secret d'Etat". » Le chef du commando d'interception, le capitaine du NKVD Leonid Navitsch, disparut lui-même quelque temps plus tard. Staline n'aimait décidément pas laisser de témoins.
P. V National Hebdo du 1er au 7 mai 1997

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