lundi 23 mars 2009

5 janvier 1930 : le génocide ukrainien (complément)

Stéphane Courtois, en dirigeant la rédaction et la publication du Livre noir du communisme, a eu le courage d'apporter une pièce essentielle au lourd dossier des crimes communistes. Il s'est fait ainsi - c'est tout à son honneur - beaucoup d'ennemis. Car il ose braver ouvertement certains tabous. En particulier celui qui prétend interdire d'appliquer le terme de génocide à tout autre peuple que le peuple juif. Or, le communisme a bel et bien mis en œuvre sa volonté d'extermination contre les peuples e qui osaient refuser sa dictature. C'est le sort qu'ont connu les Ukrainiens.
Courtois parle de « la terreur qui fut au fondement des régimes communistes ». Il reprend ainsi à son compte une formule qu'utilisait déjà, en 1920, au congrès de Tours, Léon Blum lorsque le leader socialiste, ayant analysé les diktats de l'Internationale communiste, disait aux futurs fondateurs du parti communiste français : « Vous concevez le terrorisme comme moyen de gouvernement. »
Ce terrorisme a été appliqué partout et toujours dans les pays tombés sous le joug communiste. C'est ce qu 'apprennent aux historiens les documents rendus accessibles par la chute de l'URSS. Courtois explique : « L'effondrement du communisme européen entre 1989 et 1991 a définitivement confirmé la faillite d'un système qui prétendait offrir à l'humanité la solution aux problèmes qu'elle affronte. En outre, l'ouverture, même partielle, des archives soviétiques et de l'Europe de l'Est a permis d'avancer dans l'exploration des aspects les moins connus de l'histoire du communisme et qui en constituent pourtant l'une des dimensions fondamentales : la terreur, la répression, les crimes de masse. »
Ces crimes de masse ont été envisagés avec sérénité par certains chefs communistes dès le début : en août 1917. Dzerjinski, futur chef de la Tchéka, affirme que la réalisation du programme communiste devra passer par « l'extermination de certaines classes de la société ». S'il le faut, c'est tout un peuple qui sera visé. C'est ce qui s'est produit, dans les années 30, avec les Ukrainiens.
Le 5 janvier 1930, le comité central du PC soviétique décide d'accélérer la collectivisation agricole en Ukraine. L'Ukraine, par les richesses de son sol et de son sous-sol, par son climat, par ses débouchés maritimes, par l'étendue de son territoire (610 000 km²) est une pièce maîtresse de l'URSS. Mais les Ukrainiens, fiers d'une longue histoire qu'on peut remonter jusqu'au IXe siècle, affirment volontiers une identité nationale forte, en particulier sur le plan culturel. Ce phénomène, source d'un très vieux contentieux entre Russes et Ukrainiens, inquiète les autorités communistes. C'est pourquoi une chasse aux sorcières est organisée à partir de 1930. Le Guépéou découvre ainsi une organisation de "conspirateurs", la "Ligue pour la libération de l'Ukraine". Suit un procès spectaculaire avec dénonciations, suicides et aveux "spontanés ", longue série de condamnations à mort. Scénario classique ... En 1931, nouvelle opération contre le "Centre national" puis, en 1932, contre une "Organisation militaire ukrainienne", dont les membres se recrutent en majeure partie dans l'Armée rouge et les associations de jeunesse.
Mais ce sont surtout les paysans qui sont visés. Des contingents de l'Armée rouge, appuyés par la Milice, s'emparent de vive force des terres dont les propriétaires refusent de s'intégrer dans les kolkhozes. Exaspéré par la résistance des paysans, le Kremlin interdit la fabrication du pain. Les moissons sont réquisitionnées et expédiées à Moscou. Les villages sont rasés, leurs habitants déportés. Traditionnel grenier à blé, l'Ukraine connaît maintenant la famine. Suicides et cas de cannibalisme se multiplient. Entre 1931 et 1933, au moins 2,5 millions d'Ukrainiens sont morts de faim, 1,2 million d'hommes, de femmes et d'enfants ont été massacré, plus de 4 millions ont fait le voyage sans retour vers la Sibérie. C'est, au bas mot, 7 millions de personnes qui ont payé le tribut du peuple ukrainien au paradis communiste.
P V National Hebdo du 1 au 7 janvier 1998

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