mercredi 29 juillet 2009

L'ALSACE-LORRAINE SERBE

En 1878, le traité de Berlin fit de la Bosnie-Herzégovine occupée par la Turquie un protectorat autrichien. En 1908, Vienne annexa purement et simplement cette région qui n'avait jamais eu d'existence nationale. Or, historiquement, la Bosnie est à 70 % serbe et à 30 % croate. L'occupation turque a provoqué l'islamisation d'une partie de ses habitants, ce qui fait qu'aujourd'hui, les musulmans y sont environ 40 % et les chrétiens 60%.

Par ignorance, la communauté internationale a pourtant reconnu un pseudo-Etat bosniaque musulman. Dans les faits, catholiques croates et orthodoxes serbes se voyaient donc à nouveau dominés par ceux dont ils s'étaient libérés au XIXe siècle au terme d'une longue et héroïque résistance. Pour eux, ce diktat était inacceptable et, par les armes, ils ont reconquis les zones dans lesquelles ils sont majoritaires. Voilà la principale explication du conflit de Bosnie.

Reconquista
La «croisade» humanitaire en direction de la Bosnie et la campagne anti-serbe préparait l'opinion publique française à l'idée d'une intervention militaire en masquant une totale méconnaissance des réalités historiques balkaniques. Quelques mois après le montage de Timisoara, tête baissée, dans l'ignorance bétonnée du dossier historique, tous, de la gauche à la droite, de Bernard-Henri Lévy à Simone Veil, sont prêts à faire la guerre à la Serbie jusqu'au dernier légionnaire ou marsouin.
Je l'ai déjà dit ici, mais il importe de le redire, les «subtilités» balkaniques ne se peuvent approcher par le biais des réflexes humanitaires totalement étrangers aux mentalités de ces pays où, depuis des siècles, des vendettas historiques ne cessent de se régler.
Quand des miliciens serbes violent des femmes musulmanes, ils pensent «venger» les innombrables femmes serbes violées ou vendues durant les quatre siècles d'occupation ottomane. Quand ils massacrent des combattants musulmans, ils ont toujours à la mémoire les pieux sur lesquels les Turcs fichaient les têtes des Serbes qui refusaient de se soumettre.
La mémoire balkanique est longue et intacte et les Tchetniks pensent quotidiennement au héros national serbe Avakum, empalé par les Turcs en 1814.
Pour les Serbes, les musulmans de Bosnie sont avant tout des «Turcs» même s'ils sont d'origine slave.
Nous sommes face à la renaissance d'un vieux nationalisme, comme dans toute l'Europe ex-communiste où l'idéologie a vite cédé la place aux lignes de force aux constantes nationales.

Kosovo
Deux choses sont claires aujourd'hui :
1. Soutenir l'inexistante Bosnie revient à militer pour la constitution d'un Etat islamiste fondamentaliste sur le sol européen.
2. les Serbes sont historiquement fondés à «récupérer» la plus grande partie de ce pseudo-Etat, les anathèmes et les slogans ne pourront pas gommer ces deux réalités.
Mais, allons plus loin, car la question de Bosnie n'est que l'arbre qui cache la forêt des revendications nationales balkaniques. Aujourd'hui, et dans l'indifférence mondiale, les Serbes du Kossovo sont devenus des étrangers dans leur propre patrie envahie et occupée par des Albanais musulmans qui y constituent désormais 90 % de la population.
Afin de contrôler les ombrageux nationalistes serbes, le Croate Tito a, dans les années cinquante, laissé déferler sur le Kossovo, coeur historique de la Serbie, des dizaines de milliers de clandestins albanais. Les affrontements ont été sanglants, les viols de femmes serbes généralisés, les églises souillées, les tombes profanées. Les Serbes du Kossovo ont adressé pétition sur pétition aux autorités communistes de Belgrade qui laissèrent la situation se dégrader. Devenus des parias sur leur sol, impuissants, des centaines de milliers de Serbes du Kossovo émigrèrent. Puis les communistes firent du Kossovo une région autonome, entérinant ainsi l'invasion, le rapt de cette province.
Aujourd'hui, avec la fin du communisme et l'éclatement de la fiction d'un Etat yougoslave, les problèmes se posent différemment car les nationalistes serbes qui sont au pouvoir à Belgrade ne pourront tolérer longtemps encore que le Kossovo demeure occupé. Les Albanais du Kossovo ont poussé la provocation jusqu'à demander, leur indépendance. Pourquoi ne l'auraient-ils pas fait alors que la communauté internationale a bien reconnu l'ubuesque Bosnie ?
Alors, quand, dans quelques mois, les Serbes vont partir à la reconquête de leur seconde Alsace-Lorraine, les mêmes ignorants dénonceront ce peuple anachronique qui défie le mondialisme et le nouvel ordre international.
Bernard LUGAN minute LA FRANCE janvier 1993

Aucun commentaire: