dimanche 7 novembre 2010

6 novembre 1793 : exécution de Louis Philippe Joseph d’Orléans, dit «Philippe Égalité»

Cousin de Louis XVI, Louis Philippe Joseph d’Orléans, duc de Chartres, puis duc d’Orléans, fut élu député de la noblesse aux États généraux de 1789, se prononça pour les idées nouvelles et fut du nombre des nobles qui se réuniront au Tiers Etat. Il changea son nom en Philippe Égalité en 1792 et votera pour la mort du roi

Louis Philippe II Joseph d'Orléans, , connu sous le surnom de Philippe Égalité après 1792, est né au château de Saint-Cloud le 13 avril 1747. Fils de Louis Philippe d'Orléans (1725-1785), duc d'Orléans, dit « le Gros », et de Louise Henriette de Bourbon-Conti († 1759), il fut titré duc de Montpensier à sa naissance (1747-1752), puis porta le titre de duc de Chartres de la mort de son grand-père à celle de son père (1752-1785). Il devint alors duc d'Orléans et premier prince du sang.

Le père de Philippe d'Orléans avait d'abord envisagé de le marier à la princesse Cunégonde de Saxe, fille de l'électeur de Saxe Frédéric-Auguste II et sœur de la Dauphine de France Marie-Josèphe. Mais cette dernière insista auprès de Louis XV pour qu'il s'oppose à ce projet, considérant que Chartres était de trop petite naissance pour prétendre épouser sa sœur Cunégonde.

L'abbé de Breteuil, chancelier de la maison d'Orléans, fut donc chargé de négocier, en substitution, un mariage avec Louise Marie Adélaïde de Bourbon (dite « Mademoiselle de Penthièvre »), petite-fille du comte de Toulouse, bâtard légitimé de Louis XIV et de Madame de Montespan, qui amenait dans la maison d'Orléans, avec encore un peu plus du sang des bâtards de Louis XIV, l'héritage fabuleux du duc de Penthièvre. Philippe d'Orléans quant à lui descendait, par sa mère, d'une bâtarde de Louis XIV et de la marquise de Montespan (Mademoiselle de Nantes) et d'autre part une des arrière-grand-mères paternelles de Philippe d'Orléans était également une bâtarde de Louis XIV et de la marquise de Montespan (la seconde Mademoiselle de Blois). Le mariage eut lieu à Versailles le 5 avril 1769. La dot, sans doute la plus importante qu'on ait jamais vue, se montait à 6 millions de livres, dont 3 865 000 livres étaient remis sur-le-champ, sous forme d'une dotation produisant un revenu annuel de 245 000 livres. Le duc d'Orléans s'engageait de son côté à loger, meubler, faire servir les époux et à leur assurer au surplus un revenu de 400 000 livres par an.

Louise Marie Adélaïde de Bourbon lui donna six enfants :

  1. N… d'Orléans (mort-née le 10 octobre 1771) ;

  2. Louis Philippe d'Orléans (1773-1850), titré duc de Valois puis duc de Chartres, puis duc d'Orléans, puis roi des Français ;

  3. Louis Antoine Philippe d'Orléans (1775-1807), titré duc de Montpensier ;

  4. Louis Marie Adélaïde Eugénie d'Orléans (1777-1847), dite « mademoiselle de Chartres » ;

  5. N… d'Orléans (née le 23 août 1777 - morte en 1782), jumelle de la précédente, dite « mademoiselle d'Orléans » ;

  6. Louis Charles d'Orléans (1779-1808), comte de Beaujolais, qui prit à partir de 1792 les prénoms Alphonse Léodgard.

Le duc d'Orléans eut un bâtard, Victor Leclerc de Buffon (1792-1812), dit également le chevalier de Saint-Paul, avec sa maîtresse en titre, Marguerite Françoise Bouvier de la Mothe de Cépoy, comtesse de Buffon. Il eut également une fille naturelle avec Félicité de Genlis : Pamela Brûlart de Sillery (v. 1777-1831).

Montpensier et Beaujolais moururent des suites de leur incarcération durant la Terreur et le Directoire. Louis-Philippe y avait échappé en quittant la France en même temps que Dumouriez, provoquant l'arrestation de toute la famille par mesure de représailles.

Chartres avait eu la promesse, au moment de son mariage, que son beau-père solliciterait pour lui la survivance de sa charge de grand amiral de France. Il s'y prépara en faisant une carrière d'officier de marine. En 1772, il s'embarqua sur le vaisseau l'Alexandre avec le grade de garde-marine (aspirant). Après deux campagnes en 1775 et 1776, il fut promu lieutenant général des armées navales (contre-amiral). En 1778, lorsque les hostilités recommencèrent avec l'Angleterre, il se vit confier le commandement de l'arrière dans l'escadre commandée par le comte d'Orvilliers. Le 27 juillet 1778, au large d'Ouessant, la bataille s'engagea. Une manœuvre commandée par d'Orvilliers amena les vaisseaux du duc de Chartres sur l'avant ; le prince n'hésita pas à foncer sur les vaisseaux anglais, mais à la suite d'une mauvaise communication avec le vaisseau amiral, une erreur fut commise qui permit aux vaisseaux anglais de prendre la fuite. La bataille se soldait par un demi-succès. A Paris, chacun rendit d'abord hommage à la belle conduite du duc de Chartres avant qu'on ne propageât le bruit que la bataille avait en fait été manquée par sa faute, ce que rien ne permet de penser.

L'année suivante, il commanda l'escadre d'évolutions qui fit le tour des îles britanniques et revint par les Pays-Bas. À son retour, il trouva son beau-père inquiet car on l'avait persuadé que Chartres voulait le dépouiller de sa charge de grand amiral. Le duc de Chartres écrivit à Louis XVI pour le détromper et, dans un souci d'apaisement, renonça à la marine en sollicitant le roi de créer pour lui un emploi de colonel général des troupes légères, ce à quoi Louis XVI consentit. Mais en 1780, le roi lui refusa la permission de faire partie du corps expéditionnaire de Rochambeau qui partait pour l'Amérique.

Pair de France, Philippe d'Orléans fit de bonne heure preuve d'indépendance. Comme tous les princes des branches cadettes de la maison de Bourbon, il prit le parti des Parlements en 1771 et refusa de siéger au « parlement Maupeou ». En 1771, il se fit élire grand maître du Grand Orient de France, qui venait d'être organisé. Adepte des idées nouvelles et grand admirateur des institutions anglaises, le duc de Chartres manifesta plus d'une fois avant la Révolution son hostilité au régime et à la Cour, notamment lors de l'assemblée des notables (1787). À partir de 1785, devenu duc d'Orléans, il offrit un centre et un point de ralliement aux ennemis de la cour. Chef du 3e bureau à l'Assemblée des notables (1787), il déclara que les États généraux avaient seuls le droit de voter les impôts, et protesta contre les édits bursaux : il fut exilé.

Dès le début des années 1780, Philippe d'Orléans connut des difficultés financières. Son train de maison était extrêmement dispendieux, et absorbait l'essentiel de son revenu. L'héritage de son père, reçu en 1785, qui était grevé de 2 millions de dettes, ne suffit pas à rétablir la situation. Le nouveau duc d'Orléans dut obtenir du roi l'autorisation d'émettre un emprunt de 6 millions de livres portant création de 240 000 livres de rentes viagères tontinières à 4%, dit « tontine d'Orléans » (27 novembre 1785). Peu avant la Révolution, il fit vendre à Londres une grande partie de sa collection de tableaux. Il fit également procéder à d'importants achats spéculatifs de blé, qui lui permirent de réaliser des gains appréciables lors de la disette de 1789 tout en se faisant passer pour un philanthrope. À la fin de 1789, il contracta de nouveaux emprunts en gageant le capital de la dot de la reine d'Espagne d'un montant de 4 millions .

Il réalisa également une spéculation immobilière restée célèbre au Palais-Royal. Depuis son remariage morganatique avec Madame de Montesson, le duc d'Orléans avait cessé d'habiter le Palais-Royal. Il en fit concession à son fils en 1776, et le lui abandonna en toute propriété en 1780. Peu après, en juin 1781, la salle de théâtre dite du Palais-Royal, qui se trouvait du côté de l'actuelle rue de Valois, brûla une nouvelle fois. Le duc de Chartres la fit reconstruire de l'autre côté par l'architecte Victor Louis (c'est l'actuelle salle de la Comédie-Française) et en profita pour réaliser une vaste opération immobilière autour des jardins du Palais-Royal : il fit édifier des immeubles uniformes, comportant des galeries marchandes au rez-de-chaussée surmontées d'appartements d'habitation. Les rues bordant l'ensemble furent baptisées des noms des fils du duc : Valois, Montpensier et Beaujolais. Cette opération fut vivement critiquée. Le public, qui avait toujours été admis librement dans les jardins du Palais-Royal, critiqua leur rétrécissement. On jugea l'architecture mesquine. Louis XVI se serait moqué du duc de Chartres en lui lançant : « Eh, bien, mon cousin ! Il paraît que vous ouvrez boutique ? On ne vous verra plus que le dimanche ? ». Authentique ou non, le mot courut Paris, avec des dizaines d'épigrammes et de chansons. Mais l'affaire ne fut pas excellente et tarda à s'équilibrer, le duc ayant dû emprunter 4 millions pour financer les constructions, qui s'avérèrent difficiles à vendre et à louer.

Délégué aux deux assemblées des notables, il est élu député de la noblesse aux États généraux de 1789, il se prononça pour les idées nouvelles et fut du nombre des nobles qui donnèrent l'exemple de se réunir au tiers état. Lié à Honoré Gabriel Riqueti, comte de Mirabeau, espérant peut-être le trône de Louis XVI, il s'exila en Angleterre après les journées populaires du 4 et 5 octobre 1789, mais revint en France en 1790. Il se rendit avec ses fils à l'armée du Nord, mais après la défection du général Dumouriez, il reçut l'ordre de la quitter. Jeté de plus en plus dans le parti révolutionnaire, il devint membre du Club des Jacobins. Elu député à la Convention nationale par le département de la Seine où il prit le nom de Philippe Égalité : les noms dits nobles (à particule) ayant été formellement abolis, il ne pouvait plus s'appeler Orléans. Capet était impensable. Aussi pria-t-il la Convention de lui en donner un. Le président, désignant les statues de la Liberté et de l'Égalité qui flanquaient le perchoir, lui enjoignit de choisir, à son grand déplaisir. Aussi fut-il désormais appelé Philippe Égalité. Sous la pression du parti de la Montagne, il se laissa entraîner à voter la mort du roi Louis XVI. Cette lâcheté dégoûta jusqu'à Robespierre, qui dit de lui : « Il était le seul qui pouvait se permettre de ne pas voter la mort. » Sous l'influence de son secrétaire Pierre Choderlos de Laclos et de la comtesse de Genlis, il soutient les idées libérales.

Quand son fils aîné (le futur Louis-Philippe Ier) passe à l'ennemi avec le général Charles-François Dumouriez, il devient suspect aux yeux des Montagnards. Il fut donc mis lui-même en accusation, comme partisan des Girondins. Il fut arrêté le 6 avril 1793, jugé par le Tribunal révolutionnaire et guillotiné le 6 novembre 1793. Aussi ne survécut-il que dix mois à son cousin, qu'il avait contribué à faire exécuter.

C’est son fils Louis-Philippe, devenu «roi des Français» après la révolution des «Trois Glorieuses» en 1830, qui réalisera son ambition d’accéder au trône.

http://www.fdesouche.com et http://www.roi-france.com

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