jeudi 23 décembre 2010

25 décembre 1792

La nuit de Noël 1792, au deuxième étage de la tour du Temple de Paris. Dans une pauvre chambre verrouillée, Louis XVI, roi de France et de Navarre, rédige son testament à la faible lueur d’une bougie. La première audience du procès qu’ont osé lui intenter les gueux de la Convention a eu lieu le 11 décembre, la seconde - l’Assemblée factieuse n’en a point prévu trois - commencera et s’achèvera le 26. L’auguste captif ne conserve nulle illusion quant à l’épilogue de la mascarade judiciaire…

Le prince de la Fleur de Lys écrit : « Au nom de la Très Sainte Trinité, du Père et du Fils et du Saint Esprit. Aujourd’hui vingt-cinquième jour de décembre mille sept cent quatre-vingt-douze, moi, Louis XVI du nom, roi de France, étant depuis quatre mois enfermé dans la tour du Temple de Paris (…), n’ayant que Dieu pour témoin de mes pensées, (…) je déclare ici, en sa présence, mes dernières volontés et mes sentiments (…). Je pardonne de tout mon coeur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en aie donné aucun sujet ; et je prie Dieu de leur pardonner (…). Je prie ma femme de me pardonner tous les maux qu’elle souffre pour moi et les chagrins que je pourrais lui avoir donnés dans le cour de notre union, comme elle peut être sûre que je ne garde rien contre elle, si elle croyait avoir quelque chose à se reprocher (…). Je commande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses citoyens ; qu’il doit oublier toute haine et tout ressentiment, et nommément en ce qui a rapport aux malheurs et aux chagrins que j’éprouve (…). Je finis déclarant devant Dieu, et prêt à paraître devant Lui, que je ne me reproche aucun des crimes qui sont avancés contre moi. Fait en double, à la tour du Temple, le 25 décembre 1792. »

Après midi, ses avocats, MM. de Malesherbes, Desèze et Tronchet, visitèrent le monarque. Ils le trouvèrent superbement équanime. Desèze lut sa plaidoirie. L’Oint de Reims exigea qu’elle fût rendue moins émouvante - « Je ne veux pas les attendrir » - et, le trio reparti, il rouvrit Tacite, imperturbable. Louis XVI, fils de Saint Louis…

Jean Silve de Ventavon Le Libre Journal de la France Courtoise - n° 54 du 20 décembre 1994

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