mercredi 8 décembre 2010

La France-de-Vichy, auxiliaire des nazis ? Un document oublié répond…

« Le procès Touvier, c’est le procès de la France de-Vichy. »
Ces mots répétés à l’envi, donnent la clef du retentissement médiatique d’une affaire dont, pourtant, ni le nombre des victimes ni la personnalité de l’accusé ne sont à la mesure de la tragédie de la guerre.
Mais, pour faire payer la France-tout-court, il faut condamner la France-de-Vichy. La tentative a échoué avec Barbie parce qu’il était allemand ; avec Bousquet, parce qu’un assassin providentiel l’a tué ; avec Papon, parce que l’ancien préfet de police, ancien ministre, tient en réserve des dossiers d’une telle puissance dissuasive que même les services spéciaux israéliens ont jugé hors de proportion le risque de les voir publier.
Voilà donc Touvier, gratte-papier lyonnais, propulsé au grade de représentant de la “France-de-Vichy”.
Le condamner serait exclure la France du banc des victimes du nazisme pour la mettre au pilori des complices d’Hitler. Et lui imposer les réparations que, depuis cinquante ans, les coupables paient à Israël.
Voilà les vrais fondements du devoir de mémoire qui, dans cette affaire, n’est pas autre chose qu’un pouvoir de mensonge. Car la vérité n’est pas, comme le prétendent les truqueurs d’Histoire, que la France-de-Vichy était engagée dans la collaboration au point de devancer les exigences allemandes.
Les ultras de la collaboration existaient, c’est vrai. Mais ils ne conduisaient pas la politique de la France-de-Vichy. La Milice n’était pas l’émanation de la France-de-Vichy. Elle n’en était même pas l’exagération. Elle en était l’opposé. Et les deux forces se combattaient sans merci. Laval s’opposant en tout aux deux ministres collaborationnistes que l’occupant lui avait imposés.
Aussi, quand bien même la cour d’assises de Versailles condamnerait Touvier et, à travers lui, la Milice, et, au-delà de celle-ci, la politique de collaboration, elle ne ferait pas autre chose que donner raison cinquante ans plus tard, à Pierre Laval, chef du gouvernement et seul responsable légal de la politique de Vichy, qui opposa toute son astuce aux excès des “ultras”.
La preuve en est dans ce document, si gênant, que les autorités de la Libération empêchèrent qu’il fût produit lors du procès Laval : la sténo du conseil de cabinet tenu à Vichy, Hôtel du Parc, le mercredi 12 juillet 1944 à 16 h(1).
Il faut, pour en comprendre l’importance, se souvenir que Touvier comparaît sous l’inculpation d’avoir, comme responsable milicien à Lyon, fait fusiller sept otages après l’assassinat de Philippe Henriot, secrétaire d’Etat à l’Information et à la Propagande. Il faut avoir présent à l’esprit que ce conseil se déroule dans un pays occupé où les Alliés ont débarqué depuis six semaines, un pays en proie aux attentats et aux représailles et où viennent d’être assassinées deux figures antagonistes de la politique française : Georges Mandel et Philippe Henriot.
Trois dossiers, étroitement liés, sont évoqués.
Le premier est une sorte d’ultimatum. Signé une semaine plus tôt par plusieurs ministres sur injonction de leur collègue Déat, il exige la démission de l’actuel cabinet et son remplacement par un gouvernement milicien qui appliquerait non pas seulement une collaboration mais une alliance civile et militaire avec le Reich. Les ministres présents (Déat n’est pas venu car Laval lui avait interdit Vichy !) se récrient. L’un a signé sans lire, un autre a émis des réserves. Tous renouvellent leur soutien à Laval contre les ultras. Pas un ne démissionne.
Le second concerne le projet de donner à plusieurs rues le nom du ministre milicien assassiné. Des conseils municipaux protestent, les autorités allemandes exigent et menacent. Laval tranche. C’est non : « Si vous voulez vous offrir le luxe d’un référendum dans toutes les villes de France, vous installerez la bagarre partout. »
Le troisième sujet est l’assassinat de Mandel.
« laval :
- Il y a quelques jours j’ai été averti par l’ambassade que MM. Blum, Reynaud et Mandel allaient être remis au gouvernement français pour être fusillés si le colonel Magnien, chef de la Légion tricolore condamné à mort à Alger, était lui-même fusillé. J’ai déclaré avec force à L’ambassadeur Abetz que je refusais absolument. J’ai dit qu’une telle mesure était incompatible avec les lois de la guerre ; que c’était entrer dans une voie dangereuse qui pouvait déclencher la guerre civile en France…
Brinon :
- Monsieur le président, Abetz n’est pas d’accord avec vous sur ce point. Il dit que vous avez accepté cette livraison en disant seulement : “Ce n’est pas un cadeau à me faire”.
Laval, se tournant vers Brinon et frappant du poing sur la table, s’écrie avec force :
- Je ne peux pas laisser dire une chose pareille. Rien n’est plus contraire à mon caractère. Je n’ai pas de sang sur les mains et je n’en aurai jamais (les notes secrètes d’Abetz donnent raison à Laval - NDLR). M. Mandel a été livré par les autorités allemandes à M. Baillet, directeur de l’administration pénitentiaire. M. Baillet ne m’en a pas prévenu mais il n’a pas voulu conserver M. Mandel à la prison de la Santé pour des raisons de sécurité.
On a également invoqué des raisons juridiques. M. Mandel n’ayant pas été condamné, il ne pouvait pas être légalement détenu dans une prison. La Milice, je crois, en a ensuite pris livraison pour le conduire au château des Brosses, près de Vichy. Ensuite, je ne sais pas exactement ce qui s’est passé. On dit qu’en route il y a eu une bagarre et que dans cette bagarre M. Mandel a été tué. Je n’ai aucune responsabilité dans ces faits. Je ne couvre pas ces actes. Ce sont des méthodes que je réprouve de la manière la plus absolue. Mandel est mort et je regrette qu’il ait été tué dans de pareilles conditions. Pour Jean Zay, ça été, il y a quelques jours, la même histoire. Deux, c’est assez ! C’est trop ! … Nous n’accepterons à l’avenir à aucun prix de nouvelle livraison. Ni Paul Reynaud, ni Léon Blum, ou alors, il est bien entendu que cela sera pour leur sécurité. »
Puis Laval reprend à propos de l’ultimatum de Déat :
« Il n’y a là dedans que des élucubrations sans valeur… Mais, en réalité, je vois dans ce papier une chose claire, éblouissante : il faut que je m’en aille. En d’autres temps, peut-être que je m’en irais. Mais quand je lis ce papier, je ne suis pas convaincu. Il s’agit d’élargir le gouvernement ? Par qui ? Par M. Platon (amiral Platon, ultra-collaborationniste - NDLR). Vous allez voir le style de M. Platon.
M. Platon oublie que la correspondance est surveillée. Il a écrit voilà quelques jours à son frère et voici ce que j’ai lu dans sa lettre : “Je trouve pénible qu’un chef du gouvernement déclare que nous ne sommes pas dans la guerre. Cet homme mérite d’être non pas fusillé mais pendu. Il le sera.”… M. Platon est un excellent homme… mais il ferait mieux de ne pas s’occuper de politique…
J’en viens maintenant au problème général…
Au moment du débarquement, le 6 juin 1944, j’ai prononcé un discours et l’on me reproche d’avoir dit : “La France n’est pas en guerre”…
On veut que la France entre dans la guerre aux côtés de l’Allemagne ? Avec quelles armes ? M. Déat dit qu’il n’est pas neutre ? Qu’il s’engage donc, c’est facile. M. Déat voudrait aussi que la LVF et les Waffen SS français aillent combattre en Normandie : je m’y suis opposé…
Je maintiens donc intégralement ma position. Je n’ai contre moi que quelques fous… Pour conclure, je vais vous poser une question : êtes-vous d’accord sur la politique exprimée par mon message du 6 juin 1944 et, plus spécialement par la phrase “La France n’est pas dans la guerre” ? (Silence approbateur.) »
Sur quoi, Laval expose les difficultés qu’il rencontre à convaincre les préfets de garder leur poste : « Leur état d’esprit est explicable : les représailles allemandes qui se déchaînent dans beaucoup de départements les placent vis-à-vis de la population dans une position morale souvent difficile à tenir. Si nous devions avoir un gouvernement Déat, ne doutez pas que nous assisterions à la désagrégation de l’administration française. »
On ne saurait mieux répondre aux élucubrations des faussaires de l’Histoire qui veulent à tout prix nous faire croire que la France de-Vichy fut une espèce de position avancée du Reich nazi.
Serge de Beketch Le Libre Journal de la France Courtoise - n° 31 du 23 mars 1994
(1) “Les archives secrètes du Reich” présentées par Me Jacques Baraduc, éd. ”L’élan” - 1949

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