jeudi 31 mars 2011

Des origines à 1433 L’expansion chinoise

Avec près de 4000 ans d'Histoire, la Chine est la plus ancienne civilisation du monde perdurant aujourd'hui. Rassemblant plus du cinquième de l'humanité (1,300 milliard d'habitants en 2010), c'est le pays le plus peuplé du monde, et la deuxième puissance économique mondiale derrière les États-Unis.
Nous présentons ici les grandes lignes de son Histoire jusqu'en 1433, année qui voit le repli de l'empire sur lui-même, alors même que les Occidentaux sautent par-dessus les océans.
L'animation multimédia ci-jointe illustre l'évolution du territoire chinois et les phases successives d'expansion et de repli de ses dynasties.
La plus ancienne civilisation encore vivante
La civilisation chinoise est née dans le bassin du Fleuve Jaune, le Huang He. Elle est basée sur la culture du millet : le riz pousse bien plus au sud et ne deviendra un élément de la culture chinoise que beaucoup plus tard. La première dynastie historique est celle des Shang, qui apparaît vers 1750 avant JC. L'écriture chinoise est utilisée pour la divination. La hiérarchisation de la société et le culte des ancêtres sont déjà en place.
La dynastie des Zhou succède à celle des Shang en 1040 avant JC. Ils étendent le territoire chinois, mais doivent céder en retour une part de leur autorité à des seigneurs, ce qui met en place un système féodal. Les attaques des nomades restent menaçantes, ce qui contraint les Zhou à déplacer la capitale de Hao à Luoyang en 771 avant JC.
L'affaiblissement de la monarchie se poursuit au profit des seigneurs féodaux, ouvrant la période des «Printemps et Automnes» en 722. Un équilibre s'instaure entre différents États chinois.
Cette période troublée favorise l'essor de 2 courants de pensée vers 500 avant JC : le confucianisme d'une part qui prêche la fidélité au souverain et fait de l'époque monarchique des Zhou un âge d'or. Et le taoïsme d'autre part qui propose de se conformer au cycle de la nature sans chercher à le combattre. Ces deux courants vont solidement s'enraciner dans la culture chinoise, associés au bouddhisme qui naît précisément à la même époque en Inde.
C'est aussi à cette époque que la civilisation chinoise s'étend vers le sud au-delà du Yangzi ou Fleuve Bleu : elle commence ainsi à intégrer la culture du riz utilisée par les populations nouvellement sinisées. Tous les éléments de la société chinoise actuelle se mettent ainsi en place vers le Ve siècle avant JC.
Enfin, c'est aussi vers 500 avant JC que débute l'âge du fer en Chine : cela ouvre des guerres meurtrières entre les États, initiant la période des «Royaumes Combattants». C'est à cette époque que les premières «grandes murailles» sont érigées.
Le Premier Empereur
À partir de 300 avant JC, l'état Qin, habitué à faire face aux nomades, commence à acquérir une suprématie militaire. Tous les autres états tombent les uns après les autres : en 221 av JC, le Qin s'empare du dernier d'entre eux et réunifie ainsi la Chine. Son roi prend aussitôt le titre de Premier Empereur de Chine sous le nom de Shi Huangdi. Il met en place un régime autoritaire et centralisé. Pour rompre avec les divisions des siècles précédents, il uniformise l'écriture, les poids et mesures, et la monnaie. La dynastie Qin sera également à l'origine du mot «Chine» par lequel nous désignons le pays (ses habitants l'appellent quant à eux Zhongguo, «le pays du Milieu»).
Cette dynastie ne résiste pas à la mort de Shi Huangdi : les conflits entre prétendants s'achève avec l'avènement de l'empereur Gaozou (ou Gaozu), qui fonde la dynastie Han. Cela ouvre une période fondamentale dans l'Histoire de la Chine, tant et si bien que les Chinois se font appeler le peuple Han encore aujourd'hui. C'est à cette époque que le confucianisme s'enracine dans la culture.
L'apogée est atteint sous le règne de Wudi vers 100 avant JC. L'empire s'étend fortement vers le sud et le nord-est. À l'ouest, la route de la soie est ouverte grâce au contrôle des oasis : le commerce se fera notamment avec l'empire romain. Au nord, les nomades se font toujours menaçants.
L'autorité des Han finit par s'affaiblir, tant et si bien que Wang Mang s'empare du trône en l'an 9 de notre ère aux dépens de la dynastie Han. Réformateur ambitieux, il coalise contre lui les notables : il est assassiné en 23 et les Han retrouvent le trône. Ils déplacent alors la capitale à Luoyang.
Au IIe siècle après JC, l'autorité impériale s'affaiblit au profit de l'aristocratie, et les révoltes se multiplient. La capitale est mise à sac et la dynastie Han s'effondre en 220.
Les « Trois Royaumes »
La Chine se divise en trois royaumes. Au nord, le royaume de Wei est dominé par une aristocratie guerrière venue des steppes. En 265, la dynastie Jin y arrive au pouvoir et parvient à restaurer l'unité de la Chine en 280. Mais les nomades s'emparent de la capitale en 316 et les Jin doivent se replier au sud.
La Chine du nord connaît alors des guerres récurrentes sous la domination de barbares sinisés. Ceux-ci contribuent toutefois à la diffusion du bouddhisme dans le pays. La Chine du sud est plus calme mais l'autorité centrale basée à Nankin y est faible.
En 589, la Chine du nord parvient à s'emparer de la Chine du sud : la dynastie au pouvoir lance alors des grands travaux comme la restauration de la Grande Muraille, ou le creusement du Grand Canal pour amener plus facilement le riz vers le nord. Mais des révoltes conduisent à la fin de la dynastie en 618 : la dynastie Tang s'empare du pouvoir et va contribuer à restaurer le prestige de la Chine du temps des Han.
Rapidement, les Tang parviennent à contrôler le bassin du Tarim sur la route de la soie. Ils doivent principalement lutter contre les Turcs nomades au nord, et contre les Tibétains au sud-ouest. En 690, la régente Wu fonde sa propre dynastie et devient ainsi l'unique impératrice de toute l'Histoire de la Chine. Les Tang retrouvent toutefois le pouvoir dès 705. À partir de 750, ce sont les Arabes qui commencent à devenir menaçants à l'ouest. Peu après, les Tang doivent faire face à une révolte interne qui les affaiblit durablement : le contrôle de la route de la soie est perdu. Après 850, le pouvoir impérial se désagrège peu à peu jusqu'à la fin de la dynastie en 907 : la Chine se retrouve fortement morcelée.
Au nord, des peuples mongols, les Khitans, ont formé un empire qui prend le nom de Liao à partir de 946. À cheval entre les steppes et l'extrême nord de la Chine, l'empire Liao se sinise peu à peu. Au sud, la dynastie Song entreprend de réunifier la Chine et y parvient en 978. Peu après, des peuples apparentés aux Tibétains, les Tangut, forment leur propre empire au nord-ouest le long de la route de la soie. La Chine se retrouve ainsi durablement découpée en trois.
La Chine des Song connaît un développement remarquable, avec l'essor du papier-monnaie, de l'imprimerie, et de la poudre à canon. La Chine du sud, jusque-là marginale, commence à dominer démographiquement la Chine du nord.
En 1125, les Djurtchet, ancêtres des Mandchous, s'emparent de l'empire Liao et fondent l'empire de Jin. Au sud, ils repoussent la Chine des Song jusqu'à ce qu'un équilibre des forces s'institue. La Chine du sud est devenue bien plus riche et peuplée que la Chine du nord, et son essor économique se poursuit.
En 1206, les Mongols sont fédérés par Gengis Khan. Par le biais d'attaques extrêmement destructrices, ils abattent le royaume des Tangut en 1209, puis l'empire de Jin en 1234. La conquête de la Chine du sud est plus lente car le milieu est moins favorable à la cavalerie : les Mongols en viennent à bout en 1279.
La fin de la « Chine classique »
Kubilay Khan s'affiche ainsi comme empereur de Chine et fonde la dynastie Yuan, dont Pékin devient la capitale. Avec lui prend fin la première grande période de l'histoire chinoise, que les historiens qualifient de «classique».
Les Chinois supportent mal la domination mongole, mais l'immense territoire mongol permet de rouvrir la route de la soie : c'est l'époque où Marco Polo atteint la Chine.
À partir de 1350, des révoltes commencent à éclater depuis la ville de Nankin : en 1368 est fondée la dynastie Ming qui obtient rapidement le contrôle sur toute la Chine.
Au début du XVe siècle, la Chine se lance dans de grandes expéditions maritimes sous le commandement de l'amiral Zheng He, qui le mènent jusqu'en Afrique orientale. Mais le coût de ces opérations amène la Chine à se replier sur elle-même après 1433, tandis que la capitale est transférée de Nankin à Pékin.

La Chine laisse ainsi le soin aux Portugais et aux Espagnols d'explorer le monde et commence alors à accumuler un retard croissant vis-à-vis des Occidentaux. Ce profond déclin va durer cinq siècles et ne s'achèvera qu'en 1979.
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