mardi 13 mars 2012

(PRESQUE) UNE CHASSE GARDEE : LES SERVICES SECRETS BOLCHEVIQUES

SERGEY SPIGELGLAS
Il ne fera qu’un passage éclair à la tête de l’INO, de février à novembre 1938, mais sa carrière n’est pas inintéressante, loin de là. Il naît en 1897 dans une famille juive de Bélarus et fera son droit à l’Université de Moscou. Mais sa vocation est ailleurs.
Après la révolution d’octobre, il rejoint la tchéka où, en raison de ses compétences linguistiques étendues, on l’affecte au département « étranger ». En 1926, il se trouve en Mongolie, engagé dans des opérations secrètes contre la Chine et le Japon.
En 1930 : changement de décor. Il est à Paris, en tant que chef clandestin de la  Guépéou. [Tiens, la LICRA venait tout juste d’être créée, à Paris aussi, par des admirateurs de la « grande annonciation ». Tout ce petit monde ne devait pas manquer de sujets de conversation …] Comme couverture, il ouvre une poissonnerie de luxe près du boulevard Montmartre. Spécialité : les langoustes. Mais c’est dans d’autres eaux qu’il va pêcher, du côté des émigrés russes blancs et des trotskystes, une obsession de Staline. Il infiltrera ces milieux en y plaçant des agents à lui.
Puis il rentre à Moscou pour y former les cadres de l’espionnage et devient l’adjoint d’Abram Slutsky. Il est particulièrement en charge de la liternoye, ou opérations de liquidation. Il organisera l’assassinat du nationaliste ukrainien Yevhen Konovalets à Rotterdam en mai 1938, ainsi que les opérations Ignace Reiss et Evgenii Miller, dont nous avons parlé hier.
Il est également fortement suspecté d’avoir fait assassiner en France en 1937 Georges Agabekov, ex-agent du NKVD ayant fait défection par amour pour une Anglaise et en 1938, toujours en France, le trotskyste Rudolf Klement.
Lorsque son chef direct, Abram Slutsky, meurt empoisonné en février 1938, c’est lui qui le remplace à la tête de l’INO. Mais il ne restera pas longtemps à ce poste qui était un vrai siège éjectable. Le nouveau chef du NKVD, Lavrenti Beria, le fait arrêter en novembre 1938. Il devenait un témoin gênant de trop de crimes.
Il est emprisonné, torturé pour lui arracher une fausse confession. Il déclarera notamment dans cette confession que Lev Sedov, le fils de Trotsky, était mort de mort naturelle et non assassiné par des agents de Staline. Après un simulacre de procès, il est exécuté en janvier 1941.
Franchement, je me demande comment il pouvait encore y avoir des candidats à ce poste …. Et pourtant, il y en eut. Encore et encore.

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