dimanche 13 mai 2012

1526

Le roi François Ier, alors âgé de 32 ans, commença cette année-là - la onzième de son règne - à Madrid où le tenait en captivité depuis l’été précédent l’empereur Charles Quint, 25 ans. Les négociations en vue de sa libération traînaient en longueur malgré l’intense activité diplomatique de la reine mère Louise de Savoie exerçant la régence avec une remarquable autorité. L’Europe vivait un dramatique épisode de la rivalité entre le roi de France et l’empereur germanique, - rivalité entre l’équilibre et la démesure.
Pour empêcher Charles Quint d’envahir la France par la Provence, François Ier avait porté l’affrontement en Italie. L’armée française avait d’abord dû reculer, puis, ayant réussi à délivrer Marseille qu’assiégeait l’ancien connétable de Bourbon passé à l’ennemi, elle avait franchi les Alpes et repris Milan (octobre 1524), mais le sort avait tourné devant Pavie le 24 février 1525.
Le roi chevalier, héroïque jusqu’au bout, avait dû se rendre. « Il ne m’est plus resté que l’honneur et la vie », avait-il écrit à sa mère. Bien qu’encore acclamé en traversant sous escorte ennemie les villes d’Italie et d’Espagne, il avait été jeté finalement en prison en août 1525 à Madrid.
La souveraineté française semblait anéantie. Du moins l’empereur le croyait-il, car la subtilité n’était pas la qualité première de ce Habsbourg fourbe et froid, se sachant toujours descendant de marchands flamands et bourguignons. En fait l’union du roi malheureux et de son peuple demeura intacte ; la régente eut l’habileté de juguler le Parlement de Paris pour sauvegarder l’unité nationale ; elle négocia aussi avec le roi d’Angleterre Henri VIII qui changea de camp pour deux millions d ‘écus d’or. Charles Quint, toujours plus isolé commençait à devenir odieux à toute l’Europe et devait se sortir de ce mauvais pas....
Toutefois à Madrid, François Ier, toujours plus maltraité, tomba malade, mais il refusait obstinément d’abandonner la Bourgogne exigée par Charles Quint. Puis, sur les instances venant de France, notamment de sa mère et du cardinal de Tournon, mais non sans avoir rappelé la protestation qu’il avait élevée le 13 août selon laquelle, s’il était contraint de céder la Bourgogne, cet acte serait sans valeur et de nul effet, il signa le 14 janvier le traité de Madrid stipulant qu’il cédait la Bourgogne, qu’il offrait ses deux fils (le dauphin François et Henri, le futur Henri II) en garantie de l’exécution du traité et qu’il épousait Éléonore, veuve du roi du Portugal, soeur aînée de Charles Quint.
Ce dernier venait tout simplement de se laisser rouler : dès son retour en France au printemps 1526, François Ier qui ne pardonnerait jamais au Habsbourg d’avoir dû mentir et s’avilir pour sauver la France, s’empressa de réunir à Cognac une assemblée déclarant la Bourgogne inaliénable. Les députés de Bourgogne déclarèrent le traité de Madrid contraire au serment du sacre dans lequel le roi se déclarait garant de l’intégrité nationale.
Face à l’impérialisme de Charles Quint, le roi de France réunit au sein de la ligue de Cognac le pape, le roi d’Angleterre, Venise, Florence et les Suisses, « pour la délivrance de l’Italie ». Le vaincu de Pavie remportait en l’espace de quelques mois une revanche diplomatique éclatante !...
Ce faisant, il sauvait l’équilibre européen, car juste avant d’être fait prisonnier, acculé à défendre son royaume par tous les moyens, il avait envoyé dans le plus grand secret sa bague au sultan Soliman le Magnifique, inaugurant la grande et prestigieuse politique orientale de la France qui allait permettre à notre pays, pour de longs siècles, d’être le protecteur des chrétiens d’Orient. Sur le moment même, cette alliance franco-turque tant décriée porta ses fruits, puisque dès cette année 1526, Soliman attaqua l’Empire par la Hongrie, obligeant Charles Quint à réfréner ses rêves d’hégémonie en Europe occidentale. La chrétienté certes était morte - et ce fut un malheur, comme devait l’écrire Maurras - mais la faute en revenait à la démesure germanique qui obligeait les États à se défendre par tous les moyens. La monarchie capétienne, quant à elle, s’affirmait comme l’élément essentiel de l’équilibre européen.
MICHEL FROMENTOUX L’Action Française 2000 du 7 au 20 février 2008

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