mercredi 20 juin 2012

24 juin 1812 La campagne de Russie, du Niemen à la Moskova

Le 24 juin 1812, Napoléon 1er franchit le Niemen avec ses troupes. Il envahit la Russie sans déclaration de guerre préalable (comme Hitler 129 ans plus tard à deux jours près !).
La Russie, dévoreuse de la Grande Armée
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Napoléon et la campagne de Russie (Alain Houot)Quand il franchit le Niemen avec la Grande Armée, Napoléon 1er cherche comme à son habitude le choc frontal avec l'armée ennemie. Mais, tirant parti de l'espace russe, les Russes se dérobent aux attaques et insidieusement, d'étape en étape, entraînent la Grande Armée vers l'Est...

Un ennemi insaisissable

 Après le traité de Tilsit, conclu cinq ans plus tôt, l'Empereur des Français a été décontenancé par le tsar Alexandre 1er qui a feint d'être son allié mais a continué d'accueillir dans ses ports des navires britanniques et, après le congrès d'Erfurt, n'a rien fait pour empêcher l'Autriche de reprendre les armes. 
Il croit pouvoir le ramener à la raison au terme d'une campagne militaire (une de plus) avec une armée plus nombreuse qu'aucune autre : la Grande Armée compte en effet pas moins de 700.000 hommes à son entrée en Russie, en juin, dont 300.000 Français.
Fort de cet avantage numérique, Napoléon 1er cherche  comme à son habitude le choc frontal avec l'ennemi. Mais il se montre très vite désemparé par la tactique russe. Sous le commandement du prince Mikhaïl Barclay de Tolly et du général Bagration, les deux armées ennemies, environ 200.000 soldats au total, se dérobent au combat tout en se repliant vers l'Est et en brûlant sur leur passage les récoltes et les entrepôts de vivres.
Napoléon ne résiste pas à la tentation de les poursuivre. C'est seulement en prenant Vilnius, en Lituanie, le 28 juin, qu'il prend conscience de la tactique ennemie : entraîner la Grande Armée dans les profondeurs du pays pour l'épuiser. Il n'en poursuit pas moins son chemin vers Vitebsk puis Smolensk.
Cette tactique de la terre brûlée a été préconisée par Clausewitz, officier prussien entré au service du tsar, et appliquée par Barclay de Tolly, un officier d'origine écossaise. Coûteuse en vies humaines, elle suscite des récriminations dans l'état-major russe qui obtient le 17 août 1812 le limogeage de Barclay de Tolly et son remplacement par le vieux maréchal Koutouzov.
Ignorant des réalités climatiques et géographiques, Napoléon commet erreur sur erreur. Au lieu de se diriger vers la capitale Saint-Pétersbourg, il se laisse entraîner vers l'ancienne métropole, Moscou, à plusieurs centaines de kilomètres. Le climat continental, caniculaire, épuise les soldats et ceux-ci souffrent de la dysenterie et du manque de ravitaillement.
Bataille de la Moskowa (Louis-François Lejeune, 1822, château de Versailles)

Un choc sans suite

Le 7 septembre 1812, sur les bords de la Moskova, près du village de Borodino, Koutouzov offre enfin à Napoléon l'affrontement tant attendu.
Du fait de ses pertes antérieures et de l'effilochement de la Grande Armée sur plusieurs centaines de kilomètres, Napoléon ne dispose à ce moment crucial que du tiers de ses effectifs initiaux. Sur les 440.000 soldats qui ont traversé le Niemen (non compris les hommes des équipages), 100.000 sont restés à l'arrière pour sécuriser les régions occupées. Et près de 200.000 ont disparu, morts, blessés, déserteurs ou prisonniers, victimes de la dysenterie, de la faim, des attaques des Cosaques ou des combats.  
Face à des Russes aussi nombreux et aussi bien armés, qui ont pris le temps de préparer la bataille, Napoléon sent la victoire lui échapper. Mais sur la fin de la journée, ses alliés bavarois et saxons lui sauvent la mise.
Le maréchal Michel Ney se distingue également à la tête du 3e Corps de la Grande Armée, ce qui lui vaudra plus tard le titre de Prince de la Moskowa. Mais l'empereur commet l'erreur gravissime de ne pas engager la Garde impériale. Il veut garder celle-ci intacte pour la suite. En conséquence de quoi, la victoire reste indécise et l'armée russe toujours intacte.
Les pertes sont très lourdes : 30.000 côté français dont 47 généraux, contre 50.000 côté russe. Le général Bagration est tué et Koutouzov, remis de son erreur stratégique, décide de reprendre à son compte la tactique de la terre brûlée de son prédécesseur en refusant tout nouvel affrontement. 
La Grande Armée entre enfin à Moscou. C'est pour s'apercevoir que la ville a été désertée par tous ses habitants...

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