lundi 18 novembre 2013

L’Histoire hémiplégique

Le 18 janvier 2007, au Panthéon, le président de la République rendra hommage, au nom de la nation aux Justes de France.
Décerné par le mémorial Yad Vashem de Jérusalem, ce titre de Justes parmi les nations honore celles et ceux qui, durant la Seconde Guerre mondiale, sauvèrent des juifs au péril de leur vie. Leur nombre approcherait aujourd’’hui les trois mille. Gloire leur soit rendue, comme le consacre la loi du 10 juillet 2000 fixant au 16 juillet une journée nationale en leur hommage.
Il importe, en effet, que de tels exemples soient connus et célébrés par les nouvelles générations. Il n’’importe pas moins que celles-ci, trop souvent victimes de l’’autoflagellation -– ce mal français –- sachent que la protection physique des juifs ne fut pas limitée, sous l’’occupation allemande, aux seules interventions des Justes. Les faits en témoignent.
La protection de l’’État français
Durant les années 1940-1944, le nombre des juifs français, étrangers et apatrides vivant dans la mouvance de la France était de l’’ordre de 730 000 : 330 000 en métropole ; 400 000 en Afrique du Nord (1).
Selon une étude publiée par l’’Institut d’’histoire du temps présent (2), la population juive déportée entre le printemps 1942 et l’’été 1944 se chiffre à 76 000 dont 3 000 survécurent. C’’est donc 73 000, soit 10 % des juifs de la mouvance française qui furent victimes de la Shoah. C’’est-à-dire que 90 % d’’entre eux survécurent, alors que plus de 80 % de leurs coreligionnaires des autres nations européennes disparaissaient (3).
L’’intégration dans ces données statistiques de la population juive d’’Afrique du Nord est justifiée par le fait que 100 % de ses membres furent protégés par la politique de la France. Une personnalité juive vivant à l’’époque en Algérie le reconnaît dans une déclaration publiée le 19 novembre 1999 dans la revue Le Point : « C’est drôle tout de même que ce soit la France vichyste qui nous ait permis d’’échapper à la solution finale ».
L’’entrée en vigueur de la convention d’’armistice, le 25 juin 1940, avait, en effet, arrêté la ruée de la centaine de divisions de la Wehrmacht laquelle, dans le cas contraire, aurait poursuivi son offensive en Afrique du Nord et occupé les territoires du Maghreb à la suite d’une opération incomparablement plus aisée que celle qui lui permit, en mai 1941, de s’’emparer de la Crète.
Des témoignages français...
Certes, du fait de l’’abrogation du décret Crémieux (4), les Israélites indigènes d’’Algérie, à l’’exception de ceux qui remplissaient certaines conditions – tels les titulaires soit de la carte de combattant, soit de la croix de guerre ou de la Légion d’honneur ou de la Médaille militaire – ne bénéficiaient plus de la citoyenneté française ; mais leur protection physique restait assurée. Aucun juif du Maghreb ne fut déporté (5), et aucun n’’eut à porter l’’ignominieuse étoile jaune que le maréchal Pétain avait, à la fureur des Allemands, interdite comme l’’attestent Robert Aron (6) et Annie Kriegel (7)
Comment ignorer le jugement de celle-ci qui se demande « si la part du sacrifice dans la politique et la conduite du maréchal Pétain n’’ont pas eu des effets plus certains et positifs sur le salut des juifs que sur le destin de la France » (8).
Et comment oublier les témoignages, parmi d’’autres, du docteur Nora, du grand rabbin Julien Veil, de Simone Weil, de François-Georges Dreyfus.
Lors du procès de Xavier Vallat qui fut à Vichy commissaire aux Affaires juives, le docteur Nora, israélite, reconnut que, par celui-ci, « il avait pu connaître la date de certaines grandes rafles et, en particulier, celle du 16 juillet 1942, indiscrétion voulue par lui et qui nous permit de sauver environ 10 000 israélites. L’’ordre allemand était l’’arrestation de 25 000 juifs. Douze à treize mille furent arrêtés » (9).
Le grand rabbin Julien Weill déclarait, lors du procès de Georges Scapini, ambassadeur des prisonniers, que, grâce à la mission que dirigeait l’’accusé « nous avons pu éviter le pire en ce qui concerne ceux d’’entre nous qui se trouvaient en captivité » (10).
En effet, Pétain, Laval et Scapini s’’étaient fermement opposés aux intentions allemandes d’’extraire les juifs des camps de prisonniers de guerre, afin de les traiter comme leurs coreligionnaires victimes du génocide.
Simone Weil écrit de New York, en novembre 1942, quelques jours avant son départ pour Londres où elle mourra en août 1943 : « Je n’’aime pas beaucoup entendre des gens, parfaitement confortables ici, traiter de lâches et de traîtres ceux qui, en France se débrouillent comme ils peuvent dans une situation terrible [...] Je crois que Pétain a fait tout ce que la situation générale et son propre état physique lui permettait de faire pour limiter les dégâts » (11).
Évoquant la décision de Pétain, en novembre 1942, de rester en France au lieu de rallier Alger, François-Georges Dreyfus s’’en félicite quand il déclare : « Si le Maréchal était parti, je ne serais pas là aujourd’hui » (12).
... et allemands
À ces témoignages s’’ajoutent ceux des Allemands.
Dans un compte rendu du 18 juillet 1942, relatif aux rafles du 16 et 17 juillet 1942, Röthke se dit convaincu que des fonctionnaires de la police française auraient alerté ceux qu’’ils devaient arrêter (13).
Helmut Knochen, dans un rapport du 12 février 1943, accuse le Maréchal de s’’opposer au port de l’’étoile jaune et aux mesures contre les juifs français (14).
On sait comment cette opposition, illustrée par les statistiques précitées, s’était manifestée en 1943 par les travaux de la Commission Roussel qui, soutenus par le Maréchal, avaient habilement répondu aux exigences allemandes visant à dénaturaliser les juifs naturalisés français après 1927 (15). On comprend que Mornet, qui dans cette affaire fut membre d’une sous-commission, n’’ait pas, dans sa fonction ultérieure de procureur général lors du procès Pétain, accusé celui-ci d’une quelconque complicité dans le génocide juif. Silence parlant partagé par la Haute Cour et, singulièrement, par Léon Blum, témoin à charge, et par Pierre Bloch, juré aux quarante interventions, toutes étrangères au sort des juifs.
La loi Jospin-Chirac
Ces faits, statistiques et témoignages sont soigneusement occultés par les médias qui, au contraire, enseignent, à l’’envi, que le sauvetage des juifs ne devait rien à l’’État français, mais tout à la société civile. Alors, comment expliquer que les sociétés civiles des autres pays européens n’’aient pas participé plus efficacement au sauvetage de leurs compatriotes juifs ? Leur manquait-il un Maréchal ? « De quel droit éliminer avant tout examen, l’’existence du gouvernement de Vichy ? » écrit Annie Kriegel (16).
Les Français ne peuvent que dénoncer cette élimination calculée, et s’’étonner de l’’irruption dans leur histoire d’’une initiative du couple Jospin-Chirac. Le 10 juillet 2000, sous le gouvernement Jospin, Chirac promulguait, en effet, la loi n° 2000-644 instaurant et fixant au 16 juillet « une journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’’État français et d’’hommage aux Justes de France ».
Ainsi tout en rendant un légitime hommage aux Justes, le chef de l’’État et des parlementaires accusaient la France d’’un crime qui, vu le contexte, était synonyme de crime contre l’’humanité. Accusation stupéfiante qui, face à la Shoah, plaçait la France au même rang que l’’Allemagne hitlérienne. Accusation prononcée par des professionnels de la politique qui s’’arrogeaient le droit de dire l’’histoire en portant un jugement qui n’’était ni de la compétence du pouvoir législatif ni de celle de l’’exécutif, mais de la seule autorité judiciaire, laquelle, en l’’occurrence, n’avait jamais, depuis Nuremberg, accusé la France de complicité avec l’’appareil nazi.
Comment accorder le moindre crédit au jugement de politiciens qui non seulement n’’avaient aucune compétence judiciaire –- en dehors du droit de faire grâce ; article 17 de la Constitution -– mais encore brillaient par leur ignorance ? Tels les socialistes qui, dans la proposition de loi n° 1727 enregistrée le 22 juin 1999 et à l’’origine de la loi du 10 juillet 2000, laissaient entendre que l’’État français était responsable du port de l’’étoile jaune ; tel le chef de l’’État qui, le 5 décembre 1997, dans une allocution publique, citait, parmi les mesures d’’exclusion édictées par l’’État de “Vichy” à l’’égard des juifs, l’’obligation du port de l’’étoile jaune ! (17)
Pourquoi ces fables qui, sous prétexte de regarder l’’histoire de France en face, lui tournent délibérément le dos ? Pourquoi ?
Général de corps aérien (CR) Jacques LE GROIGNEC L’’Action Française 2000– du 18 au 31 janvier 2007
1 – 120.000 en Algérie – 200.000 au Maroc – 80.000 en Tunisie.
2 – F. Bédarida Le nazisme et le génocide, éditions Nathan.
3 – cf/ R. Hilberg : La destruction des juifs d’’Europe, Folio histoire, tome II, p. 903.
4 – Décret Crémieux du 24 octobre 1870 déclarant citoyens français les israélites indigènes des départements de l’’Algérie. Décret abrogé le 18 février 1942 et rétabli le 21 octobre 1943.
5 – Lors de l’’incursion allemande en Tunisie, entre novembre 1942 et mai 1943, l’’appareil S.S. a pu effectuer quelques déportations individuelles (cf. Répliques aux diffamateurs de la France, Nouvelles éditions latines, p. 66).
6 – Robert Aron dans Le Monde et la Vie, février 1961.
7 – Annie Kriegel : Ce que j’ai cru comprendre, Robert Laffont, p. 173
8 – Ibid.
9 – Procès Xavier Vallat audience du 5 décembre 1947.
10 – Georges Scapini : Mission sans gloire, p. 200.
11 – Cahiers Simone Weill, mars 1987, pp. 2 et 3. Lettre au professeur Jean Wahl.
12 – François-Georges Dreyfus : déclaration à Radio-Courtoisie, le 8 novembre 1991.
13 – Heinz Röthke – Service des affaires juives de la Gestapo.
14 – Réplique aux diffamateurs de la France Nouvelles Éditions Latines, pp. 227-229.
15 – ibid, pp. 72-73.
16 – Annie Kriegel opus cité, p. 173.
17 – Réplique aux diffamateurs

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