lundi 15 juin 2015

Une histoire de l’Action française…

Répliques est une émis­sion unique dans le pay­sage intel­lec­tuel fran­çais. Alain Fin­kiel­kraut ne se refuse presque aucun thème et il est bien seul de cette façon. Dans l’émission du 7 février 2015, Alain Fin­kiel­kraut pro­po­sait comme thème « Charles Maur­ras et ses héri­tiers ».
J’attendais cette émis­sion avec impa­tience, d’abord parce que Maur­ras n’a plus aucune place dans le pay­sage intel­lec­tuel fran­çais depuis la guerre, ensuite parce qu’il me faut l’avouer : Maur­ras et moi avons par­tie liée. J’ai eu la chance de lire Maur­ras avant d’avoir 20 ans au milieu des années 80. Un temps d’insouciance. La Poli­tique Natu­relle1 est devenu un livre de che­vet. Le mot roya­lisme était susurré par ma mère depuis tou­jours, mais avec une pudeur de tous les ins­tants, avec une pudeur pro­tec­trice : nous vivions en HLM, peti­te­ment, et l’équilibre que ma mère avait forgé devait res­ter le ciment de notre famille. Cet équi­libre se cal­feu­trait sous la pudeur qui ne ces­sait de débor­der jusqu’à recou­vrir ce que nous étions inti­me­ment. Au moins ne cessions-nous d’être… inti­me­ment. Avec la décou­verte de Maur­ras, le mot poli­tique deve­nait autre chose qu’une nos­tal­gie. Avec Mau­ras, ce mot pre­nait corps, don­nait un sens à la vie. J’ai décou­vert Maur­ras avec Bou­tang avec Ber­na­nos. Les trois chan­ge­ront ma vie. Tout semble lié avec le temps. Comme j’ai ren­con­tré Pierre Pujo avec Jean Sévil­lia avec Patrice de Plun­kett. L’ordre importe peu. L’ordre et la grâce sont liés, et Maur­ras l’avait compris.
Alain Fin­kiel­kraut, parce qu’il est sys­té­ma­ti­que­ment assi­milé à la pen­sée réac­tion­naire, mais aussi par le pou­voir de fas­ci­na­tion du vieux maître, nous offre ce 7 février 2015, presque un mois après que la France eut été atta­quée en son sein, une émis­sion dédiée au félibre : « Les héri­tiers de Charles Maur­ras ». Le vieux maître est un scan­dale pour tel­le­ment de gens : « Com­ment ce traitre, cette ordure de Maur­ras peut-il être encore évoqué ? » Maur­ras est assis à côté d’Hitler dans la bouche de ceux qui le citent sur la place publique. Après tant d’efforts déployés pour le com­muer en scan­dale éter­nel, com­ment ce nom peut-il être encore évoqué ? Com­ment cette pen­sée peut-elle être sou­mise à la cri­tique ? Et pour­tant, il reste tant à dire. Maur­ras est si pré­sent. Mais com­ment Maur­ras est-il tou­jours pré­sent ? D’abord par la lutte. Maur­ras est d’abord grec, c’est à Athènes, pen­dant son voyage qu’il enten­dra sa voca­tion, cette façon de lut­ter inces­sam­ment contre ce qui obs­true, contre ce qui bloque, contre ce qui digue, et qui n’a pas de fon­de­ments et empêche l’équilibre, l’échafaudage humain, la civi­li­sa­tion… Maur­ras s’avère d’abord un adepte intel­lec­tuel de la lutte gréco-romaine. Maur­ras ne laisse pas res­pi­rer, il se trans­forme tour à tour en boa constric­tor, en cobra, ou en ours ! Mal­gré le temps qui passe, mal­gré l’antisémitisme, mal­gré sa vacuité, mal­gré ses tra­vers donc, Maur­ras conti­nue d’inspirer et dire le temps pré­sent. Par quel prodige ?
Lorsque je suis arrivé à l’Action fran­çaise, le jour­nal s’appelait Aspects de la France. Pierre Pujo le diri­geait. J’ai eu conscience de ma chance très vite. Pujo m’avait pris sous son aile. Je fré­quen­tais Jean Sévil­lia, Fran­çois Léger, Eric Letty, Pierre Gage­mon (ou Pierre de la Coste, auteur d’Apo­ca­lypse du Pro­grès aux éditions Pers­pec­tives Libres) et Eric Vatré. [....]
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