mardi 19 janvier 2016

Dominique Venner, Le blanc soleil des vaincus

576868.jpgLe livre était devenu introuvable. Il avait été publié en 1975. Via Romana le réédite donc en 2015, ce qui est fort heureux. Le bouquin vaut en effet le détour !
La Guerre de Sécession (que les Américains appellent très sobrement « Civil War ») a toujours occupé une place de choix au sein de nos mouvances. Le Sud mythifié est en effet l'incarnation de nombres de nos rêves. L'esprit de fronde et d'indépendance, le mépris de l'argent et des affaires, les femmes vénérées et courtisées, les planteurs galants à égalité avec les plus humbles fermiers. Le roi coton. La douceur de vivre. Le soleil.
La préface d'Alain de Benoist est une excellente introduction au livre. Ce dernier révèle sa maîtrise du sujet et apporte des éléments forts pertinents.
Cet ouvrage est, on peut le dire, polymorphe. Il s'agit avant tout d'un essai historique. Néanmoins Venner sait, à travers sa plume, rendre les faits et les personnages étonnamment palpables. Le style est concis, net, mais malgré tout très vivant. Des documents en annexe viennent apporter du relief au sujet.
Le tableau est exhaustif. Venner traite non seulement des opérations militaires stricto sensu, et avec brio (on reconnaît la patte de l'ancien militaire et du spécialiste des armes), mais il explore aussi les racines profondes de cette guerre, ses causes secrètes et enfouies (ici, c'est l'historien qui parle).
Les amateurs de géographie et d'histoire politique y trouveront très largement leur compte. Moi-même, qui ai beaucoup lu sur ce conflit, plus particulièrement dans le domaine purement militaire, ai été littéralement bluffé par la maîtrise de Venner. Les opérations, les hommes, les équipements, les communications, les récits de combats, les progrès techniques, etc. Tout y passe, de manière sobre et claire. C'est un sans fautes.
Le récit est partial, on ne peut le nier, et c'est à travers le prisme de Venner que nous découvrons l'époque et les hommes. On reconnaît ici une œuvre très personnelle. L'auteur a de toute évidence mis beaucoup de cœur et de travail à l'ouvrage. Le rédacteur met en scène avec brio les efforts désespérés de ce « petit peuple » du Sud luttant pour ses libertés et sa souveraineté.
Il y a beaucoup à dire sur ce conflit. C'est une guerre profondément américaine de par ses causes et ses conséquences. S'intéresser à la « Civil War » c'est plonger au cœur de l'Amérique, de ses origines jusqu'à aujourd'hui. Avec la Crimée (1853-1856), la guerre de 1870, la guerre russo-japonaise (1904-1905) et la guerre des Boers (1899-1902), la « Civil War » laisse entrevoir les futurs horreurs de la guerre industrielle. La guerre de Sécession est, d'un point de vue militaire, l'annonce de la Grande Guerre.
Jacques Thomas / C.N.C.

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